Elle sort de Saigon

D'une ville renommée

Elle vient de loin
D’une ville renommée
D’une bande dessinée
Par une main de fer

Elle r’vient de loin
D’une terre brûlée
D’un peuple défait
Par les militaires

Elle sort de Saigon
Elle sort de Saigon
Elle s’emporte

Pour un oui, pour un non
Elle sort de ses gonds
Te montre la porte

Un matin, elle s’enfuit
Réfugiée dans sa bulle
Enfilant son gilet
Son tuba et ses palmes

Le jour tirait sur la nuit
Des nuées de libellules
Giclaient de la canopée
Soufflées par le napalm

Elle sort de Saigon
Elle sort de Saigon
Elle s’emporte

Sans tir de sommation
Elle te passe un savon
Sous couvert d’amour-propre

Elle est comme ça, Lilly
Elle fait comme si
De rien n’était

Elle danse comme ça, Lilly
Elle s’laisse pas marcher
Sur les pieds

Les yeux rivés dans l’assiette
Tu manges ses émotions
Baguettes et fourchette
Elle te fait la leçon

Comment se soustraire
Quand elle paye l’addition
Et te somme de te taire
Sans rime ni raison

Elle sort de Saigon
Elle sort de Saigon
Elle s’emporte

Ça t’en bouche un coin
Quand elle lève le poing
Comme d’autres leur verre

Elle sort de Saigon
Elle sort de Saigon
Elle s’emporte

Pour un oui, pour un non
Elle sort de ses gonds
Et te montre la porte

Elle est comme ça, Lilly…

© Emmanuel Dubelman 2019 [première année de présentation au public]. Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite.


Photo : Deux aimants au Vietnam, octobre 2019 © Emmanuel Dubelman

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