Les histoires à tiroirs

C'est commode, ça aide à meubler ton désespoir.

C’est commode, les histoires à tiroirs.
Ça aide à meubler ton désespoir.
Vêtu-e d’un polar, tu fais semblant
d’être noir-e.

Jeune fille rangée, majeure et vaccinée,
cette piqûre de rappel est pour vous.
Les hommes qui s’affairent à vous distraire
ne sont pas tous des P.-D.G.

Croyez-moi, les poètes sont des gens normaux
qui sortent les couteaux et aiguisent les poubelles.
On peut les croiser sur les réseaux sociaux
et au passage à niveau de Charleville-Mézières.

Au buffet de la guerre, les despotes bouffent à tous les râteliers.
Faut que vous goûtiez les frappes aveugles. C’est leur spécialité.
Je vous les recommande les yeux fermés.

Un roman Harlequin entre les mains,
une dame d’un âge incertain remue son arrière-train
en queue de wagon. Elle a un ticket avec le contrôleur.
Il a pas tiqué quand elle lui a demandé l’Eure.

Un jour que je me promenais de l’or à la ceinture,
je me souviens j’étais à cheval entre deux montures,
j’ai rencontré une diseuse de mésaventures
au royaume de Savamalalé.

Alors que la prêtresse lisait entre les lignes
de ma main la plus forte, elle s’écria soudain :
Je vois que vous n’en branlez pas une !
Le salaire des fainéants, c’est le néant !

Le pire, je ne l’avais pas vu venir.
J’ai passé le plus clair de mon avenir
à me faire un sang d’encre aux Seychelles.

Et le barbier qui sévit dans la Petite Italie
s’est taillé sans sauvegarder mes favoris.

© Emmanuel Dubelman 2020 [première année de présentation au public]. Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite.


Photo : La grande distribution, 2016 © Emmanuel Dubelman

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