Sur le bout de mes doigts je connais ton visage.
En dessous de tes yeux, je fais rouler mes pouces.
Et au son de ta voix je découvre un rivage
léché par une langue de glaise et de mousse.
C’est le souffle enchanteur, l’appel de la forêt,
son bruit et son odeur, le craquement du bois.
Le doux filet d’une rivière qui captive.
Vois-tu, il y a tout ça en toi mon amour.
J’ai besoin d’y voir clair :
suis-je bien nécessaire ?
Cent fois je me perds,
sans toi je me noie.
Sur des pierres sans âge, autour de la cabane,
fumaison de saumons sous des branches de cèdre.
Les arpèges contrits d’une chanson gitane
dodelinent les flammes et le vin de Mourvèdre.
Ce soir la lune est pleine et se rit des marées.
Dans les draps, les amants jouent à Colin-Maillard.
À l’aube, je percerai la brume du lac,
happé par le volume des transes liquides.
J’ai besoin d’y voir clair :
suis-je bien nécessaire ?
Cent fois je me perds,
sans toi je me noie.
Je repère à l’odeur ceux qui rêvent en couleurs.
Et d’un monde meilleur, je fais semblant d’y croire.
Je suis né dans le noir mais au bout du couloir,
je perçois la lueur : ta beauté intérieure.
© Emmanuel Dubelman 2016 [première année de présentation au public]. Tous les droits d’auteur de ce texte sont réservés. Sauf autorisation, toute utilisation de celui-ci autre que la consultation individuelle et privée est interdite.
Photo : Homme au canot, Lac Desmarais, Saint-Denis-de-Brompton (QC), Canada – 2016. Avec l’aimable autorisation de Jocelyne G.
Tous droits réservés - Les métastases du bonheur - © Emmanuel Dubelman 2016-2024.
c’est très beau, et très bon (le mourvèdre)
bravo, continue de nous enchanter
Merci pour tes encouragements. J’ajouterais qu’aucun saumon n’a été blessé pendant l’écriture de ce texte.
J’aime tes vers faciles
Ceux qui rigolent quand on les lit
J’aime tes vers difficiles
Ceux qui métaphorent les métastases
Entre les uns et les autres
Je flâne de 77 à 17 et retour
Bravo Manu !
Merci beaucoup Candido ! C’est très gratifiant de pouvoir toucher les gens par la pensée – et de si loin ! – et de partager avec eux les petits bonheurs fugaces de l’écriture. Flâne, flâne mon ami et laisse-toi transporter de pleins en déliés. Amitiés, Manu.